Page:Bouchaud - Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines, 1903.djvu/19

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démembrer le vers, créer des rythmes nouveaux. C’est donc une innovation des plus importantes qu’il faut préconiser parce qu’elle respecte le nombre, tout en modifiant la structure habituelle des mètres, surtout de l’alexandrin.

L’alexandrin français fut d’abord césuré à six, indifféremment avec une césure féminine ou masculine. Au xvie siècle, Jean Le Maire proscrivit cette dernière. Depuis lors la coupe du vers en fut rigoureusement exigée. Les romantiques, au xixe siècle, portèrent une première atteinte à la césure en décrétant qu’il y avait des partis heureux à tirer de son déplacement. À la vérité, Racine dans les Plaideurs, Corneille, parfois même Boileau, s’étaient laissés aller de temps à autre à ce déplacement de la césure, mais sans se rendre compte de l’avantage et de l’utilité d’une telle licence. Chénier en comprit le premier toute la portée. Il usa avec modération et souvent avec un bonheur très grand du déplacement de la césure. Hugo s’en servit d’une façon constante et lui dut d’admirables effets poétiques. Banville, Glatigny, Mendès, en dépit des dénégations de Gautier et de Leconte de Lisle, adoptèrent cette méthode qui tend de nos jours à se généraliser de plus en plus.

Le déplacement de l’antique césure démontre,