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vers de quatre syllabes chacune. Il est très musical. Le balancement syllabique, trois fois répété, produit une sorte de cadence douce rappelant celle du décasyllabe, bâti sur le modèle de l’endécasyllabe italien ou espagnol. Mêlé à l’alexandrin bicésuré, il peut produire des effets variés par sa cadence capable de rompre la monotonie des tirades trop régulièrement hexamétrées.

c) Citons comme exemple du troisième type (3+6+3) les vers suivants :

La saison | des renoncules d’or, | la saison
Qui transfor | me en scintillant écrin | le gazon,
Reparaît ; les yeux baignés d’amour, elle éveille
La fourmi dans ses greniers blottie, et l’abeille
Attendant, sous l’abri tiède et clos, le moment
Où la fleur, dont le bouton hâtif pointe à peine,
Va s’unir, alourdie et pâmée, à l’amant.

Ce rythme a de la cadence, une allure vive et sautillante, et, bien que la place, toujours la même, imposée aux césures, nécessite de nombreux enjambements, l’usage judicieux de ce mètre peut rendre de vrais services.

Il va sans dire, d’ailleurs, que le déplacement de la césure dans l’alexandrin, peut affecter nombre d’autres formes que celles examinées ici. Le champ est grand ouvert aux poètes. À eux