Page:Bouchaud - Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines, 1903.djvu/24

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(je me demande pourquoi), déserts avec mers !

Voici d’ailleurs ce que dit sur la question l’excellent poète Catulle Mendès :

« Je ne pense pas que l’on doive répudier tout à fait les rimes, récemment proposées du pluriel au singulier. Il est certain qu’un s ou un x de plus ou de moins ne change pas le son d’une syllabe, dans les cas, cela s’entend, où il ne se heurte point, par suite d’un rapide rejet, à une voyelle du vers suivant. Tout en éprouvant une instinctive répugnance pour cette sorte de rime, qui d’ailleurs n’amène guère d’effets imprévus — car la rime de voile avec étoiles n’est pas moins banale que celle de voile avec étoile, — je reconnais que ma répugnance n’a point de motif qui soit valable d’une façon générale ; il me serait impossible de rimer ainsi ; cela n’empêche point que rimer ainsi ne soit loisible à tous les autres. »

Je crois donc raisonnable de réagir contre une règle absolument illogique. Et je ne vois pas pourquoi l’on n’abandonnerait point, de temps en temps, la rime à l’œil. Cela ne peut vraiment choquer les gens de goût, et le souffle poétique, loin d’en être diminué, y peut trouver matière à un élan que la torture des rimes entrave quelquefois.