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La moisson mûre, ainsi qu’une grande mer rousse,
De ses flots assiégeait colline, plaine et val.

À l’heure élyséenne où va poindre l’aurore,
Jamais plus frais parfums, du bleu tapis des thyms,
Où la rosée a mis ses voiles argentins,
Ne s’étaient exhalés plus tendrement encore.

Et quand l’ombre tombait sur les champs endormis,
Aux abords de Vesper, jamais les crépucules
N’avaient aux coupes d’or de plus de renoncules
Su déposer autant d’étincelants rubis.

Restés froids, cependant, au cher aspect des choses,
Soutenant, consolant épouse, père et sœur,
Sans regretter le bon logis et sa douceur,
Ils partirent, rêvant de luttes grandioses.

Les fiers adolescents ! Certes ils savaient bien
Que ce n’est pas toujours qu’on évite les balles,
Mais chacun se disait, sous les coups des Vandales,
Qu’il saurait succomber en vaillant citoyen.

Ils emportaient au front le baiser de leur mère.
La mère avait béni son enfant bien-aimé.
Pour les combats futurs leur sein était armé
Contre les lâchetés et la tristesse amère…