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Le défi d’une bibliothèque virtuelle bénévole !



ERNEST BOUCHER/

Les archives du domaine public ont toujours été une ressource inestimable pour la recherche, l’étude, ou simplement pour le plaisir de lire ce qui s’est publié à travers les âges. Pour les créateurs, la possibilité de puiser dans un aussi vaste répertoire de textes que l’on peut adapter ou moderniser a permis de nous offrir de nouvelles œuvres d’intérêt. Citons l’exemple des fables de Jean de la Fontaine dont certaines étaient inspirées du travail d’Ésope dans l’Antiquité grecque.

Avec l’arrivée des technologies modernes, les œuvres sont devenues plus faciles à consulter. Plus besoin de se rendre physiquement dans les archives nationales. Nous pouvons désormais en quelques clics accéder à des milliers d’ouvrages en format numérique sur des portails Web comme ceux de la Bibliothèque nationale de France (BnF) ou de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ). Certes, les portails Web de BnF et BAnQ n’offrent pas toujours une version textuelle fiable où il est facile d’effectuer des recherches (l’océrisation est parfois incluse mais non vérifiée), mais l’accessibilité sans frontières demeure toutefois un avantage indéniable.

De vastes projets de numérisation ont aussi été entrepris dans les universités nord-américaines par Google. Le projet original était génial : Google numérisait les ouvrages et les rendait accessibles gratuitement aux gens sur son portail Google Books. Malheureusement, cette belle idéologie de l’accès gratuit s’est vite effondrée, car certains éditeurs ont décidé de publier à nouveau ces ouvrages en format numérique et ont exigé leur retrait des collections rendues publiques par Google. L’entreprise, ne voulant pas perdre des ressources financières importantes en frais juridiques pour défendre ce principe, a tout simplement obtempéré en retirant ces œuvres, qui doivent maintenant être achetées auprès des éditeurs ou encore être consultées à la pièce sur d’autres portails payants.

La technologie a changé les règles du jeu sur le plan de l’accessibilité et de la monétisation des œuvres du domaine public. Avec la facilité de publication et de distribution qu’offrent aujourd’hui les livres numériques, la possibilité de bénéfices infinis devient un atout majeur. Une fois qu’un ouvrage est préparé, il n’y a plus aucune limite au nombre d’exemplaires que nous pouvons vendre, et ce, sans aucun distributeur ou intermédiaire. De plus en plus d’éditeurs, à l’affut de nouvelles parts de marché dans la révolution de l’information qu’Internet a causée, puisent donc dans les ouvrages du domaine public pour les rééditer en format numérique et les revendre, souvent tels quels, sans devoir verser de droits d’auteur. Autrefois limités par des coûts importants de réédition et de réimpression, les éditeurs devaient s’assurer de l’intérêt de la population envers un ouvrage avant de le mettre sous presse, sous peine de rester avec des inventaires de livres invendus imprimés à fort prix. L’ère du livre numérique a aboli cette barrière. De plus, alors qu’il était relativement simple d’estimer le tirage d’un classique, la publication numérique ne nous le permet plus, car rares sont les éditeurs qui publieront leurs résultats. Combien de livres de Jules Verne, pour ne citer