Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/122

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prends d’ailleurs l’affection qu’ont les touristes pour ces voyages de montagnes. J’avais plusieurs fois visité l’Italie, je connaissais bien l’Apennin, j’avais franchi les Pyrénées, mais étant toujours arrivé par mer dans la péninsule, je n’avais vu les Alpes que de loin avant d’avoir traversé le Mont-Cenis. Je l’avais fort admiré, mais j’admirai plus encore le Saint-Gothard. La nuit, quand elle est claire, embellit les monuments et les montagnes : elle semble en doubler le grandiose.

Peu après Bellinzona, on commence à monter ; on a passé la Moesa sur un pont de pierre. Ici la montagne est fertile. Les villages qu’on traverse ou qu’on côtoie sont : Claro, Cresciano, et Biasca, bourg connu par ses crétins. On rencontre alternativement des vallées et des monts. Poleggio est au centre de quatre vallées. C’est à Bodio qu’est la poste.

Les noms nous annoncent qu’on n’est pas sorti de la Suisse italienne. Voici Giornico dont on cite les antiquités ; les cascades de la Barolgia et de Cramosina en sont peu éloignées.

Avant Lavorgo, on trouve un pays très-tourmenté par suite, dit-on, des ravages d’une inondation et de la chûte d’une montagne. Les montagnes aussi vieillissent, et les mondes, les soleils même, auront leurs jours de décrépitude.

Non loin de là est un autre village avec son couvent de capucins ; j’y vois aussi de beaux châtaigniers et une cascade. Le Tessin présente encore plusieurs chûtes ; des rochers à pic, à travers lesquels il s’est fait un lit et se précipite, sont d’un effet magnifique dont on peut jouir du point où nous sommes. Cette route est soutenue