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Il est deux heures et demie. Campagne pittoresque. À droite de la rivière, des collines ; très-joli paysage. Les voyageurs abondent, mais non aux premières où il m’arrive souvent d’être seul. On y va peu en Suisse ; on préfère les secondes qui coûtent moins et, quant au confortable, diffèrent peu des premières.

Station de Schinznach ; belle campagne à droite. Deux autres stations dont j’ai oublié les noms.

À trois heures, j’entends nommer Rapperschwyl. Est-ce celui d’où je viens ? Probablement, car on n’en connaît pas deux. Ce n’était pas la peine d’en partir. Voilà ce qui arrive quand on ne sait pas son chemin et qu’on ne consulte ni cartes ni gens. Au surplus, je me console de cette perte de temps : je connaissais le lac et ses bords, je n’étais pas fâché d’avoir vu l’intérieur des terres.

Nous avons, à gauche, des collines boisées. Arrivent dans mon wagon deux nouveaux voyageurs : un homme de soixante ans, à figure moutonne, belle, mais sotte, et une femme très-parée, si préoccupée de sa toilette qu’elle ne s’aperçoit pas même que nous sommes là. Elle s’étale et se drape absolument comme si elle eût été devant son miroir dans son cabinet de toilette. Elle va sans doute à la noce.

Le soleil est brûlant ; je n’ai pas eu plus chaud à Naples.

À trois heures et demie, nous sommes à Aarau, ville de cinq mille âmes, capitale du canton d’Argovie, et sur la rive droite de l’Aare. Sa bibliothèque, dit-on, est riche de quatorze cent cinquante volumes manuscrits in-folio sur l’histoire de la Suisse, et qui ne sont que la