Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/216

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embrassâmes comme de vieux amis, et pourtant notre connaissance ne remontait pas à un mois, mais il est des hommes dont l’âme est sur la figure, dans les gestes, dans la voix, et qu’on apprécie tout d’abord. Il voulait me faire loger chez lui. Selon mon habitude, je restai à l’hôtel, mais j’acceptai le déjeûner qu’il m’offrit pour le jour suivant. Nous causâmes ainsi jusqu’à dix heures.

Bienne, ville située près du lac dont elle porte le nom, et au pied du Jura, n’est ni grande ni belle. Sa population n’atteint pas quatre mille âmes, et ses monuments ne sont guère à citer ; mais sa position, les sites qui l’entourent et la perspective dont on y jouit, sont des plus remarquables. Ajoutons que l’instruction, ou au moins le goût de la lecture, y est poussé fort loin, et quand, en France, des villes d’une population triple ont à peine un journal, celle-ci en a cinq.

Je suis de bonne heure chez M. Scholl. Après avoir pris une tasse de café pour attendre le déjeûner, nous allons visiter la belle collection des antiquités lacustes du colonel Schvab, formée d’objets retirés du lac de Bienne en 1854, et semblables à ceux découverts quelque temps avant dans celui de Zurich. Je n’entrerai pas dans les détails de ces objets ; il y en a qui appartiennent à l’âge de pierre, et successivement à ceux de bronze et de fer, succession qui prouve la longue durée de ces cités établies sur pilotis dans le lac même. Parmi les plus anciens de ces morceaux, j’en reconnais beaucoup d’analogues à ceux que j’avais découverts dans les tourbières de la Somme de 1830 à 1840 : des gaînes ou montures de haches en bois de cerf, des os diversement travaillés, des fragments de poteries, etc.