Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/241

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en Allemagne, etc. ; car c’était ainsi qu’on intrônisait l’empire ou le blocus continental, et qu’on francisait les nouveaux départements dits réunis.

Rappelé en France en 1810 et placé en 1811 à Boulogne-sur-Mer, j’y tombais dans un camp, et les hommes que je commandais, installés dans les batteries depuis l’embouchure de l’Authie jusqu’au cap Grinez, y remplaçaient les canonniers occupés ailleurs. Mon service, là encore, consistait à brûler de la poudre, ce dont nous ne nous faisions pas faute, non plus que les croiseurs anglais contre lesquels nous nous escrimions, faisant d’ailleurs beaucoup plus de bruit que de mal. Ici, c’étaient des boulets et des bombes que nous échangions sans gagner, pour ma part, à cet éternel vacarme, autre chose que des tintements d’oreille, puis une surdité dont j’ai eu grand’peine à me guérir. Je crois que depuis on a renoncé à ces malheureux engins dits mortiers à semelles, dans lesquels nous mettions, si je m’en souviens, jusqu’à trente-trois livres de poudre pour lancer des bombes dont une, il est vrai, aurait coulé un navire, mais dont je n’ai pas vu une seule, quoique j’en aie envoyé par douzaine, attraper autre chose que la vague et les poissons qui pouvaient se trouver dessous.

Appelé à Paris et incorporé dans la garde nationale, je m’y trouve dans toutes les bagarres de 1814 et de 1815 ; puis, comme on l’a vu, je tombe en Provence pour me chamailler à la fois avec les Anglais en garnison à Marseille, les Anglo-Siciliens qui tiennent la campagne, et les habitants devenus anti-français.

C’était donc de La Ciotat, siége de ma division, car