Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/244

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voulant escamoter le prix de son passage de quarante centimes, essaie de s’enfuir. Le capitaine appelle un gendarme qui l’arrête. Pensant qu’il n’avait pas d’argent, je voulais payer pour lui, mais on m’en empêcha en disant qu’il fallait qu’il s’expliquât, parce que parlant le français, il affectait maintenant de ne pas l’entendre. Menacé de la prison, il retrouva la mémoire et, mieux encore, sa bourse, de laquelle, au grand étonnement de chacun, il tira une grosse pièce blanche, et elle n’y était pas seule. C’était pour ne pas la changer que ce malheureux s’était mis dans ce mauvais cas. Heureusement pour lui qu’un des passagers déclara qu’il le connaissait, et qu’il jouissait dans son village d’une bonne réputation. Sur cette assurance, on le relâcha.

Je descends à l’hôtel de Bergues. J’avais vu beaucoup dans cette journée, et vu avec intérêt : or, quoiqu’on dise, manger des yeux, et que les miens l’eussent fait jusqu’à l’indigestion, je n’en sentais pas moins mon estomac vide, et ma première requête fut : dîner.