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C’est la ville qui loue la pêche : elle produit chaque jour de deux cent cinquante à trois cents kilos de poisson. Au lieu de rejeter à l’eau les femelles et le fretin, on garde tout, ce qui finira, si l’on n’y veille, par ruiner la pêcherie.

Le beau poisson est porté à Lyon. Ici, dans les hôtels, on ne sert guère que des poissons pesant à peine un kilo et le plus souvent beaucoup moins, et pas toujours frais. Ajoutons qu’on les accommode fort mal ; en revanche, on les vante beaucoup.

On montre aussi, dans ce musée, un éléphant empaillé qui, en 1827, s’étant échappé d’une ménagerie, se mit à courir la ville où, attiré par l’odeur des alcools, il a enfoncé la devanture de la boutique d’un liquoriste, y a débouché des bouteilles de liqueur comme il était accoutumé de le faire au cirque, et s’est enivré jusqu’à la fureur. Il a saisi son cornac qui voulait le ramener, le lança en l’air et acheva de le tuer. Étant entré dans la rue qui conduit à l’arsenal, on en a ouvert les portes, et on l’attaqua à coups de fusil, mais sans effet. On en est venu à une pièce de six, et on l’a tué en tirant sur lui à dix pas.

Mon conducteur me dit que cet évènement s’était renouvelé en avril 1838, et qu’on l’attribuait à la même cause, c’est-à-dire au vin ou à la liqueur qu’on faisait boire à l’animal durant les représentations ou exhibitions qui avaient lieu à toutes les heures du jour. La cervelle des bêtes, quelque grosses qu’elles soient, ne résiste pas plus que la nôtre à ces libations continues dont les éléphants sont d’ailleurs très-friands. Le premier était un mâle ; cette fois, c’était une femelle