Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/26

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Après l’infanterie commence le défilé des régiments de cavalerie de la garde : les guides et leur excellente musique, les lanciers, les dragons, les hussards, les chasseurs, tous trempés comme des canards. Vient ensuite la garde nationale à cheval, qui ne l’est pas moins ; puis celle à pied, et la garnison de Paris. Tout cela réuni doit faire une centaine de mille hommes qu’en ce moment, sur les boulevards, considèrent un million de têtes.

La pluie s’était un peu calmée, mais un orage bien caractérisé éclate. Alors c’est un sauve-qui-peut général. Les toits et les trottoirs sont abandonnés, et ceux qui sont aux fenêtres du côté où le vent chasse reçoivent leur part d’eau.

Je profite d’une éclaircie pour regagner la rue du Mail et mon hôtel où j’emploie mon temps à faire la relation qu’on vient de lire.

Après le dîner, le temps s’étant remis, je retourne au boulevard. La foule y est encore augmentée ; les trottoirs ne la contiennent plus, elle a envahi la chaussée où les voitures ne peuvent circuler qu’au pas. Tous les théâtres sont pleins. Les cafés sont inabordables : pas un banc, par une chaise pour s’asseoir ; dix personnes se disputent celle qu’on laisse libre. Je n’avais rien de mieux à faire que d’aller me coucher : c’est ce que je fis.