Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/278

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Admirateur de toutes les supériorités, même en cuisine, loin de moi le désir de les voir traiter ainsi que faisait l’Empereur à l’égard des fricoteurs militaires ; mais comme cette littérature à la tire, où les mains jouent plus que la tête, rapporte d’assez jolis profits à ceux qui la pratiquent, il serait peut-être juste qu’ils fissent une petite part d’auteur aux pauvres ours dont ils ont emprunté l’esprit et mis en œuvre les idées.

Mais j’en étais à mon manuscrit ; il s’agissait de le découvrir dans ce dédale qu’on nomme un théâtre. Le concierge, à qui je m’adresse, m’indique ou croit m’indiquer le bureau de l’archiviste ou conservateur des papiers, et me voilà en quête, me rappelant semblable recherche que j’avais faite quelque trente ans avant pour retrouver aussi le manuscrit d’un opéra perdu dans les abîmes du théâtre Feydeau. Le soleil ne paraît pas être l’ami des salles de Paris : soit dégoût pour l’odeur de l’huile, soit qu’il ne veuille pas faire concurrence au gaz, enfin soit qu’en sa qualité de poète ayant présenté quelque pièce qui n’a pas été reçue, il leur porte rancune, jamais il ne pénètre dans leurs corridors, et je n’avais pas fait dix pas, qu’engagé dans un couloir obscur conduisant à dix autres, je me trouvai à quia, comme Thésée ayant perdu le fil d’Ariane, et, de toutes ces ouvertures aussi sombres que poudreuses, je ne savais laquelle prendre. Je vais frapper à dix portes, mais on ne répond nulle part. Enfin une onzième s’agite : une voix me répond sans m’ouvrir que le bureau de l’archiviste n’est pas à cet étage et qu’il faut monter plus haut.

M’y voici, non sans m’être cogné dix fois la tête