Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/60

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est au milieu ; en tête, une jeune fille, dans le même costume, porte une croix. On me dit que ces femmes forment une confrérie qui accompagne ainsi tous les morts.

Le 12, je quitte Aix pour prendre la route du Mont-Cenis. J’ai pour compagnons la petite valseuse du Casino, son père, et un gros monsieur décoré qui me dit qu’il traverse, chaque année, quatre fois les monts pour aller en Italie. Il me donne, avec beaucoup d’obligeance, des renseignements utiles sur les moyens de transport.

Nous voici à Chambéry ; je remets à d’autre temps de visiter la ville. Je continue vers Saint-Jean-de-Maurienne, apercevant en passant quelques villages d’un aspect assez misérable.

Là, cesse la voie ferrée. J’avais pris ma place jusqu’à Turin. Je m’imaginais ou plutôt on m’avait assuré à Aix que je n’avais qu’à descendre du train et à m’asseoir sur les coussins d’une bonne berline, mais nous arrivons soixante : ce personnel inattendu était assez difficile à loger dans une demi-douzaine de voitures à quatre places que, par une mesure administrative sans doute, les employés nous déclarent être à six, déclaration qui, malheureusement, ne les élargit pas. Quoi qu’il en soit, nous admettons la chose. Cette détermination prise, je pensais que nous allions nous mettre en route, mais une heure s’écoule, et assez peu agréablement, car nous attendons dans une cour dont certain vent, ayant passé sur la neige, ne rendait pas le séjour très-chaud. Un commis, pour nous faire prendre patience, nous prévient que nous en avons encore pour deux bonnes