Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

filatures de soie. Dans le voisinage sont deux lacs cités pour leurs beaux et nombreux poissons. Là, on se croirait presqu’en plaine, mais les montagnes ne tardent pas à reparaître. Ce n’est qu’à Rivoli qu’on est réellement en Piémont.

Mais laissons là les noms pour lesquels je renvoie aux livres de postes ; j’en reviens à mes propres remarques. À droite de la route, j’aperçois un couvent ou château en ruine sur la cime d’un rocher. Une seconde ruine, également très-pittoresque, se montre un peu plus bas.

À un saut que fait notre voiture accrochée par un fragment du roc, la dame, effrayée, s’écrie : — « Ah ! nous sommes perdus ! — Ne vous inquiétez pas, lui dit l’architecte qui s’est fait le loustic de la compagnie, on nous retrouvera toujours. »

Après avoir traversé encore plusieurs bourgs ou villages, le Gênois nous fait remarquer, au loin, le château de Rivoli. À droite est le Mont-Rosa, dont le pic en pain de sucre est couvert d’une auréole de neige. On dit que ce mont n’a jamais été escaladé.

Nous entrons à Rivoli, ville de cinq à six mille habitants, connue par son château royal. Ce Rivoli est situé sur la rive droite de la Doire. Les guides l’indiquent souvent comme voisin du champ de bataille de ce nom ; c’est une erreur : le Rivoli de la bataille, placé sur l’Adige, faisait partie du royaume lombardo-vénitien. Cette bataille fut gagnée par le général Bonaparte, sur les Autrichiens, le 13 janvier 1797. Masséna contribua beaucoup à ce succès ; aussi, devenu empereur, Napoléon Ier le fit duc de Rivoli.

De Rivoli, un beau chemin va nous conduire à Turin.