Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/80

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je n’y comprenais pas grand’chose, lorsqu’à l’exhibition d’une masse de petits vases qu’il tira d’un coffre et que je reconnus à la forme pour être des pots de pommade ou d’une graisse quelconque à l’usage des niais, cent mains se tendirent vers lui pour recevoir en échange de leur monnaie ces pots précieux que tous ses acolytes, y compris tambours et trompettes, ne pouvaient suffire à débiter. Notre plénipotentiaire, notre prince étranger n’était donc qu’un marchand d’orviétan. Je m’y attendais presque, mais ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est qu’ayant soulevé son chapeau, je reconnus sous ce beau plumage l’homme au ruban du déjeûner, avec lequel mon voisin le capitaine avait voulu se couper la gorge, me félicitant d’ailleurs que ce marchand de pommade n’eût pas été plus brave, car j’aurais été assez peu flatté, comme probablement notre officier, de figurer dans cette burlesque affaire. Avis à ceux qui se mêlent des querelles qui ne les regardent pas.

De la place Madame, je gagne celle de Saint-Charles où sont deux églises, Saint-Charles et Sainte-Christine, et la statue en bronze d’Emmanuel-Philibert ; puis la place Victor-Emmanuel, très-grande et très-belle, et que termine un pont sur le Pô ; enfin la place Carignan, qu’orne le palais de ce nom.

Les boulevards de Turin méritent aussi d’être vus. Il ne faut pas non plus oublier la rue Neuve et la rue du Pô. Aux habitations anciennes, mais élégantes, dont ces rues fourmillent, il faut ajouter celles plus modernes des généraux La Marmora et Pepe. Le jardin public est nouveau, car les arbres n’y sont pas encore poussés.

Je vois le terrain sur lequel ont campé, après la