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d’entretenir le chemin Kénogami sur un assez long parcours. Il y a même une barrière où il fallut payer cinq centins au gouvernement pour droit de passage.

En vain fîmes-nous appel à la grandeur d’âme du Trésorier de la province ; M. Robertson resta sourd à nos supplications, prétextant qu’il lui fallait cet argent pour payer les intérêts de l’emprunt ou du prêt français, suivant que MM. Fabre et Tardivel jugeront à propos de le nommer.

Au lac Kénogami sguccède à une distance d’un demi mille environ le lac Kénogamishish (petit lac long) mesurant cinq milles de longueur sur une largeur de 20 arpents peut-être. Ces deux lacs quoique fort rapprochés ne communiquent point entre eux, et même le petit est à une hauteur de 35 pieds au-dessus du premier.

En arrière du lac Kénogamishish est le lac Vert dont il n’est séparé que par une étroite langue de terre, et qui tire son nom de la teinte verte de son eau.

Le mot indien est Kashukikéomi ou « lac limpide.» Sa longueur est d’une demi lieue et sa largeur de 700 à 800 pieds.

Sur la rivière des Aulnais qui sert de décharge au « petit lac long,» il y a de bons établissements et la qualité de la terre paraît excellente. Bientôt nous entrons dans la paroisse d’Hébertville et de loin nous apercevons le clocher de l’église qui brille aux derniers rayons du soleil. En arrivant au village nous voyons des demeures annonçant l’aisance, et nous débarquons chez M. Léonidas Lortie, colon de 20 ans, qui déjà a uni sa destinée à celle d’une charmante compagne et où nous recevons la plus cordiale hospitalité. Il fait plaisir, après une journée de fatigue, de se trouver en aussi bonne compagnie et de jouir du repos.