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UNE DE PERDUE

— Sans doute. Tu pourras la nier, dire que tu ne savais ce que tu disais ; enfin tout ce que tu voudras, pourvu que tu en détruises l’effet. Si tu me promets cela, je ne te ferai pas arrêter comme assassin.

— Je le promets, je le jure. Je ne vous ai jamais voulu de mal, docteur.

— Pas de balivernes ; je te connais, et si je n’avais pas eu la précaution de conserver contre toi certaines preuves… Enfin, suffit. Pu promets, c’est tout ce que je veux. Ce n’est point encore tant tes paroles que je crois, c’est parceque c’est ton intérêt qui te fera préférer le pénitentier à la potence. Le pénitencier avec des douceurs que je te procurerai. Et qui sait, peut-être trouvera-t-on les moyens de te faire évader de cette prison avant le procès.

— Evader ?

— Eh ! oui ! S’il faut de l’argent pour payer un des guichetiers, je t’en donnerai. Si tu ne peux gagner un des gardiens, je te ferai parvenir des limes, des échelles de cordes ; j’aurai une voiture prête à te recevoir et à te conduire en lieu de sûreté, d’où tu pourras gagner quelque pays étranger. Comprends-tu ce que je puis faire contre toi, si tu persistes dans ta déposition ?

— Ah ! oui ! oui ! docteur. Je promets, je jure. Croyez-moi quand je vous dis que j’ai regret ; ou si vous ne croyez pas en mes regrets, quand je vous dis que je n’avais pas envisagé les conséquences de ce que je faisais, comme je les vois maintenant ; et que je vous disculperai, docteur. Si je ne puis réussir à m’échapper de cette prison, avant mon procès, je prendrai tout sur moi, vous verrez.

— Je te crois ; parceque c’est ton intérêt.