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DEUX DE TROUVÉES

dans le chaudron, répand une lueur blafarde sur leurs figures, couvertes de poudre et de sang. Ils sont serrés en masse compacte et pressent devant eux les Zéphyrs qui reculent pied à pied, mais en ordre.

Le capitaine Pierre n’est pas avec eux, il est à l’arrière, debout sur son banc de quart, son porte-voix à la main ; il suit avec sang-froid la lutte qui rugit à l’avant du navire. Il voit ses Zéphyrs qui cèdent peu à peu ; il ne craint rien, car il sait que c’est une manœuvre qu’ils exécutent afin d’amener les pirates sous la portée de ses deux canons. Arrivés près du mât d’artimon, les Zéphyrs déchargent leurs derniers coups de pistolet ; les pirates hésitent, s’arrêtent et se pressent en masse serrée.

— Ventre à terre ! cria le capitaine à travers son porte-voix.

— Feu !

Et les deux canons partent ensemble, enfilant le pont de bout en bout, à la hauteur de poitrine d’homme ; la mitraille balaye et fauche à travers les rangs des pirates qui sont restés debout. Ceux qui ne sont pas tombés, se retirent précipitamment vers le beaupré pour sauter dans les chaloupes. Mais Cabrera est là, il les arrête de sa voix : — « Je tue le premier qui recule, crie t-il, en avant ! suivez-moi ! » Et il s’élance encore une fois à la tête des siens. Mais cette fois Pierre est aux premiers rangs de ses braves Zéphyrs. La mort suit leurs sabres qui tranchent et fauchent dans les rangs des pirates. Cabrera a reconnu Pierre, et c’est sur lui que se concentrent toute sa rage et toute sa fureur. Il fait des efforts inouïs pour le rejoindre. En vain son sabre pro-