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DEUX DE TROUVÉES

n’avait-il pas le jeune Pierre de St. Luc, un orphelin qu’il a élevé, et qui, je vous l’assure, est un charmant jeune homme et bien digne de toute la tendresse du père Meunier.

— En effet, j’ai été un peu surpris, quand j’eus appris votre intimité avec M. Meunier, de voir que vous n’aviez pas été nommé son exécuteur testamentaire ; mais je vois les raisons maintenant. J’aurais voulu vous voir l’administrateur d’une telle succession ; vous en étiez digne et je vous considère, quoique vous en disiez, bien plus capable de l’administrer que le jeune de St. Luc, qui, après tout, n’est qu’un jeune homme et de plus un marin, et qui, malgré les belles qualités que vous lui donnez, n’en dissipera pas moins une partie dans de folles extravagances.

— Oh non ; sous ce rapport-là, soyez tranquille ; le jeune de St. Luc est sobre, sage, pieux et très-versé dans les affaires. Il est bien plus capable que moi. J’ai toute confiance dans St. Luc, et je ne sais si c’est parce que mon ami M. Meunier l’aimait et l’appelait son fils, que je me sens une bien grande affection pour ce jeune homme, il sera toujours pour moi le représentant de son bienfaiteur et du mien. Pauvre cher M. Meunier, mon seul et mon dernier ami sur cette terre !

Le docteur versa plusieurs larmes.

— Allons, mon cher docteur, ne vous affligez pas. Nous ferons mieux de changer de sujet ; celui-ci réveille de trop pénibles sensations.

— Oh non ! au contraire, M. le juge, je me sens un peu agité, mais ça me fait du bien de pleurer quelquefois. Je voudrais pouvoir faire quelque chose