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DEUX DE TROUVÉES

navire, toutes les manœuvres furent suspendues et un cri universel de douleur s’échappa de la bouche de ces braves matelots, qui pleurèrent comme s’ils eussent perdu leur père. Le second en commandement à bord, offrit d’aller avec le maître d’équipage examiner le cadavre, et ils partirent sur le champ.

Trim qui, en apprenant la mort de son maître, s’était senti au cœur comme une masse de plomb, était tombé sans connaissance au pied du grand mât. On lui frotta le front, les tempes, et tout le visage avec du vinaigre ; ce ne fut qu’avec la plus grande peine qu’on put le faire revenir à lui, et il se mit à crier en se tordant les mains :

— Mon maître, mon piti maître, mon bon maître, oh ! y n’éti pas mort, oh ! pas possible. Moué veux mouri aussi ! moué pas capable pour vivre, si l’y mort ! moué vouli voir li encore une fois avant mouri !

Tout l’équipage, qui connaissait l’extrême attachement de Trim pour le capitaine, eut pitié de sa désolation.

Le gros Tom s’approcha de lui et chercha à le consoler, mais en vain ; Trim se roulait sur le pont, en criant et sanglottant. Les matelots, muets devant une si grande douleur, pleuraient.

Tout à coup Trim se lève, essuie ses pleurs du revers de sa grosse main calleuse, regarde tout autour de lui d’un air hagard, paraît réfléchir un instant, puis s’élance comme un trait dans la direction qu’ont suivi les officiers qui étaient allés identifier le cadavre.

Cependant le coronaire, après l’arrivée des deux officiers du Zéphyr, eut bientôt terminé son enquête.