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DEUX DE TROUVÉES

— Preuve, s’écria M. Charon en faisant un signe au juge, preuve que l’enfant revenait à son bon sens, car une des plus grandes marques de sa maladie, c’était sa taciturnité. Le docteur Rivard avait bien raison.

— Et après ? continua le juge, en s’adressant à Gaspard.

— Après, je remarquai que le petit Jérôme se parlait souvent à lui-même, et je lui demandai ce qu’il avait. « Oh, rien, dit-il, je sais que je ne m’appelle pas Jérôme et que je vais bientôt aller voir maman à la paroisse St. Martin. »

— Il a dit ça ? s’écria M. Charon.

— Oui, monsieur.

— Après ? dit le juge.

— Je lui demandai comment il savait tout ça, et quel était son nom, puisque Jérôme n’était pas le sien. « Je ne vous le dirai pas, car on me traiterait de fou ; mais je sais bien que je m’appelle Alphonse Pierre, et que maman se nomme Léocadie Mousseau… » Le pauvre petit, après avoir dit ces mots, se mit à pleurer à chaudes larmes.

— Il a dit tout ça ? s’écria encore M. Charon en faisant un signe significatif à M. le juge ; pauvre petit, il revenait à la raison ; de vieux souvenirs surgissaient à sa mémoire, et la pensée de sa mère, pauvre petit malheureux, le faisait pleurer. Que pensez-vous de tout ça, M. le juge ?

— Et après, dit le juge en s’adressant à Gaspard, sans faire attention à la question de M. Charon.

— Et après, c’est tout, je ne pus plus rien tirer du petit Jérôme. Je n’en fis pas grand cas dans le moment, et loin de penser que c’était un retour à la