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UNE DE PERDUE

— Regarde c’te p’tite fiole ; c’est poison pareil à celui que fesé Ned le sorcier ; tu conné li Ned, le nègre Congo : et bien moué trouvé c’te p’tite fiole sur la table de mon maître une nuit, après le docteur l’été parti. Moué connu la fiole pour cti là qué donné Ned. Le lendemain mon maître l’était mort !…

Trim était profondément absorbé dans ce que venait de lui dire Pierrot, il ne répondit pas un mot.

— Prends garde, Trim, ne va pas dire rien !… Docteur fera pendre toué et moué !

— Donne-moué la fiole, répondit enfin Trim ; ne l’avé pas peur du tout ! Faut moué allé voir Ned ; où l’y demeuré à c’t’heure ?

— Rue Perdido, au bout, près la Cyprière ! et Pierrot lui donna la fiole, que Trim serra dans sa poche, après l’avoir enveloppée dans une feuille de chou.

Trim se rendit à la rue Perdido et de là à la case du nègre Congo. La porte et les contrevents étaient fermés. Trim secoua la porte avec violence et appela ; ce fut en vain, car il n’y avait personne. Cruellement désappointé, il prit tristement le chemin de la cité, se promettant de retourner le soir à la cabane de Ned. Il passa le reste de la journée en inutiles recherches, et quand la nuit fut venue il retourna à la case du nègre Congo, où il était, comme nous l’avons dit dans le chapitre précédent, quand le docteur Rivard, accompagné de Pluchon, alla y chercher un serpent à sonnettes.

Trim, après avoir vainement essayé de rejoindre la voiture du docteur Rivard, s’était rendu à la demeure de ce dernier, pour avoir de la vieille Marie de plus