— Eh bien, Mathilde, lui dit avec bonté madame Regnaud, ne reconnais-tu pas M. de St. Luc que tu avais coutume d’appeler, quand tu étais petite, ton cousin Pierre ? Viens donner la main et embrasser ton cousin.
C’est une grande fille maintenant, et je suis bien sûr que tu ne l’aurais pas reconnue, n’est-ce pas Pierre !
— Oh ! non, certainement que je n’aurais pas reconnu mon espiègle de petite Mathilde dans cette belle et gentille demoiselle.
Mathilde baissa la vue ; et ses joues et son front se couvrirent des plus vives carnations.
— Avance donc, Mathilde, et viens embrasser ton cousin ; je suis bien certaine qu’il n’a pas oublié, lui, le temps où il te faisait sauter sur ses genoux et qu’il t’appelait sa petite grichou. Allons, viens donc, Mathilde, faut-il que j’aille te prendre par la main ?
Pierre, qui s’aperçut de l’extrême confusion de la jeune fille qu’il voyait pour la première fois depuis quatre ans, se retourna vers madame Regnaud, et lui dit d’une voix qu’il cherchait à rendre calme, mais dans laquelle se trahissait malgré lui une certaine émotion :
— Oh ! ne pressez pas mademoiselle Mathilde, nous sommes presqu’étrangers maintenant ; bientôt j’espère que nous renouvellerons notre connaissance et qu’elle n’aura plus peur de celui qu’elle appelait son cousin Pierre !
— Non, non, reprit madame Regnaud, je n’aime pas les cérémonies. Allons, Mathilde, Pierre ne vient pas ici pour te faire la cour ; il vient chez moi comme chez sa maman, pour se rétablir durant sa