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DEUX DE TROUVÉES

sa brigantine, dont le gui dépassait les bastingages, des deux tiers de sa longueur. Aussi la marche du Zéphyr était-elle supérieure. Il n’y avait dans toute la marine américaine qu’une seule frégate qui put lui disputer le prix de la marche quand il ventait bon frais, et pas un navire pouvait l’approcher quand il s’agissait de naviguer au plus près.

Le Zéphyr avait été originairement construit à Baltimore pour une compagnie de marchands Brésiliens et destiné à la traite des nègres sur les côtes d’Afrique. Le père Meunier en avait fait l’acquisition sur les instances réitérées de son « gueux de Pierre, » quelque temps après que l’un de ses navires fut devenu la proie des pirates dans le golfe du Mexique. Cette acquisition avait été faite plutôt dans la vue de satisfaire le désir de Pierre que par spéculation, les dépenses de chaque voyage se montant à beaucoup plus que les profits.

L’équipage était considérable et toujours au grand complet, sur le pied de guerre ; car ses ennemis au Zéphyr, c’étaient les forbans qui infestaient, à cette époque, toutes les mers par où il devait passer. C’était un équipage choisi, composé d’hommes forts, vigoureux et d’une bravoure éprouvée.

Nous remarquerons, en passant, le gros Tom, que nous connaissons déjà un peu. Il faisait à bord les fonctions de Bosseman, veillait au détail des ancres, des câbles, des orins, et exerçait son commandement sur le gaillard d’avant. D’une force prodigieuse, il disait qu’il n’y avait que le Docteur Trim qui put le renverser à la lutte, et que le capitaine Pierre qui put le battre à coups de poings.

Un autre personnage qui, quoiqu’exerçant à bord