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DEUX DE TROUVÉES

sur un des bras du fauteuil dans lequel était assise Mme Deguise. Je ne pus trouver une parole pour répondre, et au bout de quelques minutes je me levai pour partir. L’excellente tante d’Éléonore eut pitié du misérable état dans lequel elle me vit.

— Ne vous effrayez pas, me dit-elle, en laissant échapper un soupir du fond de son cœur, je parlerai à Éléonore, et nous verrons ce qu’il y aura à faire. Adieu, venez vers sept heures ce soir.

« À sept heures, j’allai chez Mme Deguise, Éléonore était à demi couchée sur un sofa, encore faible et souffrante. Mme Deguise était occupée dans la cuisine. Au bout d’un quart d’heure, quand elle vint nous rejoindre dans le salon, Éléonore et moi nous nous jetâmes à ses genoux, la priant de vouloir se joindre à nous pour tâcher de fléchir M. de M***. Éléonore et moi nous nous jurâmes un amour éternel. Mme Deguise pleurait ; oh ! l’excellente femme…

« Quelques jours après, la rage et le désespoir au cœur, je quittais la maison de M. de M***, aux genoux duquel j’avais été demander sa fille en mariage. Il m’avait reçu avec une dédaigneuse hauteur, se moquant de ma présomption à moi le fils d’un roturier ! oh ! comme si toute la noblesse du cœur s’était réfugiée dans la poitrine des seigneurs ! La menace sur le front et l’injure sur les lèvres, il m’avait ignominieusement chassé de sa maison…

« Je retournai chez. Mme Deguise ; Éléonore m’attendait avec une fiévreuse impatience. Elle lut sur ma figure le résultat de ma démarche auprès de son père.

— Qu’allons-nous faire, me dit-elle ?