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UNE DE PERDUE

Midi est l’heure fixée par le juge de la Cour des Preuves, pour procéder aux actes préliminaires des vérifications, avant la lecture des dernières volontés du défunt. Le public a droit d’entrer.

Une grande salle, au rez-de-chaussée, est éclairée par de nombreuses bougies : les volets sont fermés. Une table ronde, couverte d’un tapis noir, est au fond de la salle. Le juge de la Cour des Preuves est assis dans un fauteuil faisant face au public ; de chaque côté de lui sont assis des juges de paix. Le notaire qui doit faire la lecture du testament, comme dépositaire, est debout auprès de la table, presqu’en face du juge. Quelques amis du défunt se tiennent à quelque distance conversant par groupe à voix basse. On entend le sourd murmure de la foule curieuse qui désire entrer.

Les portes ne doivent s’ouvrir qu’à midi moins cinq minutes et les procédés commencer à midi précis. Chacun est impatient de savoir ce que le défunt a prétendu faire de l’immense fortune qu’il s’était acquise par ses entreprises commerciales, si grandes et toujours si heureuses. Peut-être un petit sentiment d’intérêt personnel attirait-il plusieurs des personnes présentes. On ne pouvait s’imaginer ce qu’allait advenir de tous ces trésors amassés ; et dans son ardente imagination, plus d’un s’imagina que le défunt pouvait bien s’être rappelé tel ou tel léger service qu’il lui avait rendu. Le contenu du testament était un secret qui intéressait vivement toute cette foule, quelque fut le motif qui les y eut rassemblés, soit intérêt soit simple curiosité.

L’aiguille du cadran de la Bourse, en face, marque midi moins cinq minutes. Un huissier paraît à la