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DEUX DE TROUVÉES.

sible. Nous serions tous ruinés. Vous, Mr. de St. Luc, vous êtes riche, vous desirez affranchir vos esclaves, c’est bien ; nous n’avons rien à dire. Vous espérez le faire, en tâchant d’intéresser les esclaves à leur rachat ; ce serait encore mieux si vous pouviez y réussir, mais je ne le croîs pas.

— Oui, c’est vrai, dirent à la fois plusieurs des planteurs, les nègres ne voudront pas travailler et donner leur argent. Ils voudraient la liberté ; mais comme don, et non comme le fruit de leur travail ; et c’est bien heureux, car si votre plan réussissait et que nous l’adoptassions, tous les nègres seraient libres avant dix ans et l’Etat serait ruiné.

— Permettez-moi, mes amis, de laisser au temps à décider si les esclaves voudront travailler à leur rachat ; quant à la crainte que vous manifestez de voir le pays ruiné et nos terres en friche, si les nègres obtiennent une fois leur liberté, je crois qu’elle est exagérée. Par de sages et justes lois de police, les nègres seront obligés de travailler, comme les serviteurs blancs sont obligés de le faire dans les autres pays. Sir Arthur, qui revient des Antilles anglaises, où deux ans d’observations l’ont mis à même d’apprécier l’effet du Bill d’émancipation et du système d’apprentissage qui y est mis en opération, pourra vous dire ce qu’il en pense. Qu’en dites-vous, Sir Arthur ?

— Les craintes des plus affreux résultats de l’émancipation des noirs dans les possessions anglaises, répondit Sir Arthur, avaient engagé plusieurs des planteurs des Iles à s’expatrier ; d’autres avaient envoyé en Angleterre leurs femmes et leurs enfants. Ceux qui restèrent ou du moins la plus grande partie offraient en vente leurs plantations pour presque