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DEUX DE TROUVÉES.

es blonde. Ton portrait, c’est le mien ; donc il nous ressemble ; c’est clair.

— Pauvre mère, continua Asile, sans faire attention à ce que disait sa sœur, elle n’a que nous pour la consoler dans son affliction ; car il y a quelque chose qui l’afflige. Elle ne s’est pas couchée dans le bateau et elle a passé la nuit à prier ; « pauvre enfant ! » disait-elle ; et elle se incitait à pleurer, puis elle entrouvrait le rideau et nous embrassait chacune notre tour, tout doucement pour ne pas nous éveiller ; je faisais semblant de dormir, quoique je fusse sur le point d’éclater en sanglots, sachant bien que j’aurais redoublé ses peines, en lui faisant voir que je m’en apercevais.

— Bonne mère, elle ne pense qu’à nous ! Et moi, je lui ai fait de la peine. Tiens, Asile, je me sens envie de pleurer, quand tu me dis cela.

— Ne pleures pas ; car si maman découvrait que tu eusses pleuré, elle n’en serait que plus chagrine. Tu sais qu’elle n’aime rien tant que de nous voir nous amuser ; c’est pour cela que nous irons au bal cher, le Gouverncur mercredi prochain ; et pourtant je t’assure bien que je n’ai pas grande envie d’y aller…

— Je te quitte, dit Hermine, en interrompant sa sœur ; je rentre et vais aller chanter quelques chansons joyeuses ; peut-être distrairais-je ma bonne maman.

— C’est bien, Hermine, va : j’irai te rejoindre bientôt et nous chanterons ce joli duo, qu’elle aime tant : « Les rayons d’Italie. » Prends garde de ne pas chanter « La mer se plaint toujours ; » tu sais combien cette romance l’attriste.