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DEUX DE TROUVÉES.

persiennes ; je voudrais voir si c’est le même. Ah ! le voilà : chante seule je te suivrai ; je voudrais l’examiner comme il faut, pendant qu’il est encore loin.

— Laisse-moi le regarder aussi.

— Mais tu l’as déjà vu ; commence donc à chanter, il pourrait s’apercevoir que l’on a interrompu le chant, et croire peut-être avec la suffisance de ses pareils, que nous l’avons remarqué. Ils sont si fats, ces hommes.

— Pas tous.

— Si fait ! mais laisse-moi donc regarder ; j’aimerais à le voir un tout petit peu ; quand ce ne serait que le bout de son nez.

— Ah ! tu es bien une vraie fille d’Ève.

— Tiens ! et loi ? Mais, c’est différent ; je suis la plus petite.

— C’est bien lui ! il vient au galop, dit Asile, en se mettant au piano, avec une agitation qui n’échappa pas à sa sœur.

— Tu vas voir son cheval se remettre au pas, dit Hermine en riant ; il n’a pas les oreilles longues pour rien.

Et elles chantèrent un des plus jolis duos de Belni. La voix douce, suave et pleine de mélodie d’Asile se mariait si bien aux accents clairs, nets et expressifs de sa sœur, qu’il en résultait une délicieuse harmonie, qui ne dut pas échapper à l’oreille attentive du cavalier qui passait ; puisqu’il mit son cheval au pas et sembla écouter avec satisfaction. Elles continuèrent à chanter jusqu’à ce que le morceau fut terminé. Le cavalier était déjà loin, allant toujours au pas, la tête penchée, l’œil fixé sur le pom-