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DEUX DE TROUVÉES.

Canada, de ses impressions, de la société, avec tant de tact, de justesse, de goût, de délicatesse, que Madame de St. Dizier se forma la meilleure opinion de son caractère et de ses qualités.

Pauvre mère, elle aurait tant craint d’exposer ses deux anges aux séductions de l’opulence, jointe aux attraits d’un esprit brillant, de manières distinguées et d’une mâle beauté, qu’elle fut au comble de la joie de pouvoir admirer en M. de St. Luc un jugement solide et une franchise aimable dans un cœur droit et noble. Mais si d’un côté elle éprouvait un vif entrainement pour de si belles qualités, de l’autre, son âme de mère s’effrayait à l’idée des conséquences qui pouvaient résulter des visites de M. de St. Luc ; car elle voyait bien qu’à l’enthousiasme avec lequel il avait parlé de ses filles, de leur esprit et de leurs grâces, il deviendrait un des visiteurs de la maison. Elle se sentait, en même temps, comme entraînée malgré elle vers ce jeune homme ; elle n’eut pas voulu qu’il fut demeuré étranger à sa famille ; elle eut voulu qu’il les visitât souvent et devint intime. Elle ne comprenait pas ces contradictions dans son esprit ; rêvait-elle, pauvre mère, un brillant mariage pour l’une de ses filles ? Ah ! elle était bien excusable de penser à trouver un protecteur pour ses deux anges aimés.

— Dieu, dit-elle, quand il fut parti, en promettant de venir passer la soirée, le bon Dieu décidera. Que sa volonté soit faite !

Le soir, il y eut une petite réunion de jeunes personnes toutes intimes entr’elles que les demoiselles de St. Dizier avaient invitées. Sir Arthur y accompagna sa fille et M. de St. Luc. On fit de la musique