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DEUX DE TROUVÉES.

j’espère que sous peu de jours vous me reverrez le plus heureux des hommes comme le plus affectueux des fils. Adieu, Milord ; adieu, Sir Arthur.

— Au revoir ; soyez prudent, et écrivez-moi, dit Sir Arthur.

Le temps est froid et désagréable. Un fort vent du Nord-Est, accompagné de pluie, soufflait depuis le matin. St. Luc chaussé de grandes bottes à la Suwaroiv portait une casquette en drap bien ouattée et couvert d’une toile cirée, et un gros surtout d’étoffe de pilot noire boutonné haut. Il se promenait à grands pas pour se réchauffer, sur le pont du John Bull.

Il était huit heures du soir quand il débarqua à Sorel. Trim tenait par la bride un cheval anglais, brun, aux jambes fines, sèches et musculeuses, que son maître avait acheté à Québec.

La pluie qui était tombée par torrent depuis l’après-midi, s’était changée en une espèce de neige mouillée. St. Luc se rendit chez le père Toin.

Le village de Sorel était dans la plus grande agitation ; six cents hommes des 66e et 32e régiments, commandés par le colonel Gore, étaient arrivés de Montréal, avec une pièce de campagne et un détachement de cavalerie. L’on ne savait pas si les troupes partiraient pour St. Denis durant la nuit, ou si elles attendraient le jour.

St. Luc demanda une chambre, ôta son surtout, et se jeta tout habillé sur un lit. Il avait recommandé à Trim de voir à ce que son cheval fut bien soigné ; et donna ordre qu’on le réveillât aussitôt que les troupes se mettraient en marche, à quelqu’heure de la nuit que ce fut. Il désirait arriver avant elles à St. Denis. Il avait prié Toin de lui trouver un guide au cas où il