ne p’tite demi-lieue. Mais les troupes vont-elles jusqu’à St. Denis, pou prendre Papineau et Nelson ?
— Je n’en sais rien ; je suis arrivé de Québec cette nuit même.
— Ah ! et Mossieu ?
— Je l’ai rencontré à Sorel.
— Dites donc, voulez-vous que j’fasse donner une portion d’avoine à vos chevaux ? Ces pauvres bêtes vont avoir frette à la porte.
— Merci, nous arrêterons à St. Ours.
— Vous n’trouverez pas d’auberge d’ouverte à c’t’heure ci. On va toujours les mettre sous la r’mise. Allons ! pti gas, continua l’homme à la tuque bleue, en secouant un grand garçon de dix-sept à dix-huit ans qui dormait dans un banc-lit, lève toué !
Le jeune homme se leva lentement, en baillant et se frottant les yeux.
— As-tu entendu passer les troupes ? Ces Mossieux disent qu’elles sont gagnées St. Ours.
— Je n’ai rien z’entendu.
— Tu vas aller mettre les chevaux d’ces Mossieux sous la r’mise ; tu leu donn’ras anne poignée d’foin. T’entends ?
St. Luc avait ôté son surtout imbibé, l’avait placé sur une chaise. Le lieutenant Weir séchait ses chaussons, ayant ôté ses bottes, remplies d’eau. Tout-à-coup ils entendirent le galop de chevaux dans le chemin. Weir courut à la porte et regarda à travers les vitres ; mais il ne put rien voir.
— Pourvu que ce ne soit pas nos chevaux qui se soient échappés, dit-il en anglais.
— Quels sont ces chevaux ? demanda St. Luc au garçon qui entrait.