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DEUX DE TROUVÉES.

sieur ; mais, si vous voulez dire à vos gens de ne plus tirer et si vous me relâchez, je vous aiderai à chercher les embarcations.

Lauriot, qui sentait qu’il n’y avait pas à perdre un temps précieux dans une recherche peut-être infructueuse, détacha le vieux Laté, et ayant crié à ses gens de les attendre, il se fit précéder par le pêcheur, qui, après bien des tours et des détours, finit enfin par les mener à l’endroit où les eaux du bayou formaient un assez grand remou avant de se diviser, une partie pour se jeter dans une espèce de petit lac ou d’étang, et l’autre pour reprendre son cours vers la mer.

— Je ne serais pas surpris, dit-il enfin, que ce remou aurait entraîné les embarcations dans cet étang.

— Oui ! oui ! cria Trim, qui tenait toujours sa torche allumée au-dessus de sa tête, moué voyé piroques là bas et vieille femme itou !

En effet, la vieille, qui savait l’endroit où le courant porterait les embarcations, s’y était rendue et cherchait à les tirer dans les joncs, afin de les cacher aux regards, si les recherches se portaient jusque-là ; mais avant qu’elle eut pu accomplir son dessein, Trim l’avait aperçue.

— Je vous le disais bien, que je n’aurais pas été surpris que ma vieille serait allé pour les chercher, dit le vieux Laté en affectant un ton et un air satisfaits ; si l’on eut attendu encore quelques minutes, on l’aurait vu arriver à la cabane avec une ou deux des pirogues.

— Vieux canard, lui répondit Lauriot en riant, vous feriez mieux de ne rien dire, car on ne vous