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DEUX DE TROUVÉES.

heure, était venu, une lanterne à la main, faire la visite de la brasserie, entendant du bruit à l’étage supérieur, monta et écouta. Bientôt il reconnut que le bruit venait du grenier ; mais comme il n’avait pas la clef pour en ouvrir la porte, il descendit chercher un paquet de vieilles clefs rouillées qui se trouvait dans un coffre où l’on mettait les ferrailles inutiles. Il se trouva qu’une des clefs ouvrait la porte, et il entra dans le grenier. Monsieur Édouard voyant, par la coude de la tonne, une lumière, se mit à crier :

— Je suis prisonnier sous la grosse tonne ! De grâce, délivrez-moi.

L’engagé qui, sans doute, avait peur des revenants, entendant un son caverneux que les cavités de la tonne, dans laquelle M. Édouard était enfermé, rendaient encore plus effrayant, sentit ses cheveux se dresser sur sa tête et battit, en reculant, une retraite précipitée ; puis, fermant à double tour la porte du grenier, il descendit quatre à quatre les marches de l’escalier, et courut raconter à la famille ce qu’il venait d’entendre. Les fils du Major, deux gaillards qui n’avaient pas peur des revenants, entendant l’histoire que venait de raconter leur engagé, prirent chacun une canne et allèrent à la brasserie. De la maison à la brasserie il n’y avait que la cour à traverser. L’engagé, forcé de les accompagner avec la lanterne, suivait bien à contre cœur.

— Donne-moi la lanterne, poltron, lui dit l’aîné des Daubreville, et prends un seau d’eau, que tu vas monter avec toi. Nous allons voir ai ce farceur qui prétend jouer des tours de revenants n’aura pas besoin d’un peu d’eau et de savon.