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UNE DE PERDUE

s’il n’y apercevrait pas quelques signes de débarquement, puis ayant plongé sa main à l’eau pour mesurer la rapidité du courant et s’assurer de la direction de la plus grande masse d’eau, il se mettait à nager avec une nouvelle vigueur.

Tom ne faisait jamais de question à Trim, tant il était assuré de sa parfaite connaissance des prairies ; mais Lauriot, qui n’avait pas une confiance aussi grande en Trim, commanda à ses gens de modérer un peu pour donner le temps à la pirogue de Sir Arthur d’arriver.

— Que pensez-vous de Trim, Sir Arthur, lui dit-il quand son embarcation arriva à côté de la sienne ; je commence à craindre qu’il n’ait manqué la route.

— Quant à la route, je ne puis rien en dire, mais je ne crois pas que Trim se trompe ; s’il n’était pas sûr, il nous l’aurait dit, et serait arrêté pour vous consulter. D’ailleurs le capitaine de St. Luc m’a dit que je pouvais me reposer entièrement sur Trim pour les prairies.

— C’est bien bon tout ça, répondit Lauriot, mais regardez le soleil, il n’a pas plus qu’une demie-heure de haut, et nous ne sommes pas encore arrivés à la baie. Savez-vous que de la baie à la Grande Ile il y a près d’une trentaine de milles. Nous ne pouvons pas y arriver avant demain au grand jour.

— Ce serait un grand malheur, sans doute ; car pour bien faire il aurait fallu arriver de nuit, avant la nuit même s’il eut été possible… Mais regardez donc, il me semble qu’ils ont fait un signal.

Trim en effet agitait son aviron de droite à gauche au dessus de sa tête, tandis que Tom dirigeait à grands coups de pagaie sa pirogue, qui bientôt