Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/345

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
346
UNE DE PERDUE

— Puis-je me procurer des chevaux assez vigoureux pour que je m’y rende à cheval avant cinq heures cet après-midi. Voici vingt francs, ajouta-t-il en lui mettant une pièce d’or dans la main, si vous pouvez me faire avoir des chevaux convenables pour que je fasse le trajet à temps, je vous donnerai encore une semblable somme à Skama.

— C’est bien, dit le postillon en mettant la pièce dans sa poche après l’avoir examinée. À un petit quart de lieue d’ici nous allons changer de chevaux, je vous procurerai ce que vous désirez et je vous ferai donner un papier pour que vous puissiez avoir ce que vous désirez aux autres relais.

Pendant qu’on préparait un vigoureux cheval au cavalier espagnol, celui-ci prenait un léger déjeuner.

Avant de monter en selle, il écrivit quelques mots sur un papier, qu’il plia et cacheta, puis le donna au postillon en lui recommandant de ne le remettre à M. Thornbull qu’une heure après son départ.

À quelque distance du village de Skama, perdu presque au milieu de la solitude des montagnes, se trouvait le couvent des sœurs de la Rédemption ; ordre cloîtré, dont la règle austère et la discipline sévère lui avait donné un caractère de sainteté, qui avait étendu sa réputation, justement méritée, dans tout le pays.

Après avoir parcouru un sentier sombre sous la voûte des grands arbres de la forêt, en arrière de Skama, on arrivait, au bout d’une dizaine de minutes de marche, au pied d’une colline, d’où l’on apercevait sur le sommet en haut, très-haut, une masse grise, sombre, droite et longue : c’était la façade du couvent et son mur d’enceinte.