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DEUX DE TROUVÉES.

— Oh ! reprit Sir Arthur avec douleur, qui aurait pensé à ceci ! Du vinaigre, oh ! si l’on en avait.

— Essayons toujours un peu de whisky sur les tempes et une goutte sur la langue : ça ne fera pas de mal.

Ils essayèrent le whisky, mais sans effet. Pendant ce temps Trim cherchait parmi les longues herbes du rivage, une racine que les nègres appellent Bouari dont l’odeur piquante et le goût acidulé lui donne une vertu toute particulière sur le système nerveux, soit qu’on l’applique à l’odorat ou sur la langue. Il ne tarda pas à trouver ce qu’il cherchait et courant tout joyeux à Sir Arthur.

— Teni, mossié, teni ! voici ben bon pour Mesel ; ii senti, li goûté, li trouvé mieux ! faut faire fusé li un peu avant. •

— Mais, c’est du Bouari, Trim, s’écria Lauriot qui reconnut la racine.

— Oui, mossié, moué conné ben ; moué usé li souvent, quand moué trouvé grand faiblesse au cœur. Bon, ben bon !

Sir Arthur, après on avoir fait l’essai, eut la satisfaction de voir bientôt la jeune fille revenir à elle. D’abord son regard semblait errer vaguement sur tous les objets qui l’entouraient, puis l’ayant arrêté un instant sur Sir Arthur, elle fronça le sourcil, sa lèvre se plissa et elle ferma les yeux, comme si la vue de cet homme lui faisait mal. Bientôt elle les ouvrit, regarda fixement Sir Arthur ; ses joues se colorèrent, un léger frisson agita ses membres et la jeune fille fit un violent effort pour se lever et retomba dans ses bras en versant un torrent de larmes.