Page:Boucherville - Une de perdue, deux de trouvées, Tome 2, 1874.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
DEUX DE TROUVÉES.

Dans la seule paroisse de St. Charles, d’après le relevé qui fut fait dans chaque habitation, il se trouva qu’il manquait cinq cent esclaves ! Trente-cinq étaient partis de l’habitation du capitaine Pierre. Ce nombre était formidable et les probabilités étaient que les nègres révoltés pouvaient se trouver au nombre de près d’un mille. Le secret avait été si bien tenu, que ce n’était que de la veille que le complot avait été découvert ; et encore ignorait-on le lieu du rendez-vous des nègres et le temps où ils commenceraient leur œuvre de pillage et de désolation. Toute la jeunesse créole était allègrement accourue s’enrôler dans les patrouilles, et caracollait sur ses chevaux, en attendant le moment où l’ordre leur serait donné d’aller attaquer l’ennemi. Les paroisses voisines avaient été averties dès le matin, et les mesures les plus promptes avaient été prises partout.

Plusieurs patrouilles furent envoyées dans les bois, et le long du fleuve ; des partis à pied parcoururent les cyprières. Toutes les recherches furent inutiles, on ne put trouver aucun indice qui indiquât le lieu du rendez-vous des nègres ; quoique partout dans les bois on eut découvert des traces évidentes de leur passage.

Vers les cinq heures de l’après-midi, lorsque toutes les patrouilles eurent fait leur rapport, l’opinion la plus générale fut que leur rendez-vous devait être quelque part derrière l’habitation de feu M. Meunier. Cette opinion fut bientôt confirmée par le rapport d’un parti de chasseurs, qui avait découvert une dizaine de vieux fusils soigneusement cachés au pied du Grand Chêne Vert, dont nous connaîtrons bientôt la situation.