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DEUX DE TROUVÉES.

qu’il y avait quelque chose qui n’était pas ordinaire du côté de la forêt.

Pierre de St. Luc fit appeler l’économe, auquel il fit part de ses remarques ; lui signifiant en même temps le désir qu’il avait d’aller en sa compagnie examiner ce qui se passait dans les bois. L’idée d’aller seul avec M. de St. Luc, ne souriait pas fort à l’économe ; mais comme il n’y avait, pas à reculer, à moins de passer pour un lâche, il accepta. Cependant, il eut la précaution de prévenir les matelots du Zéphyr avec ordre de suivre à distance sous la conduite d’un nègre fidèle qu’il leur donna pour guide.

Après s’être tous deux armés, le capitaine s’étant préalablement excusé auprès des officiers, ils se dirigèrent vers la forêt en faisant un circuit assez considérable. Ils n’eurent aucune difficulté tant qu’ils furent en plein champ ; mais quand ils furent arrivés à la lisière du bois, il leur fallut avancer avec la plus grande précaution. Tout semblait aller assez bien. Le capitaine s’arrêta un instant, quand il se crut à peu près vis-à-vis du sentier qui conduisait au bayou chêne, il se trouvait alors justement auprès du grand Sycomore.

— Trouxillo, dit-il, je veux aller jusqu’au bayou bleu.

— Capitaine, c’est une imprudence, répondit l’économe,

— Trouxillo, si vous avez peur, restez ici, j’irai seul.

— Mordiou ! peur ! moi ? Capitaine vous ne pensez pas ?

— Je ne dis pas que vous avez peur, mais que si vous avez peur…

— C’est bien, capitaine, je vous suis.