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Page:Bouchet - Le Panégyrique du chevalier sans reproche.djvu/18

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si petit gentilhomme qui ne veuille avoir ung aussi bon cuisinier que le Roy, et estre servi de électuaires, divers potaiges, et aultres viandes délicates en diversité comme princes ; et si possible estoit, quand vont à la guerre, feroient charoyer après eulx toutes les ayses de leurs privées maisons. A présent ceulx qui ; par fortune, ont été du misérable gouffre de pauvreté, retirés et auctorisés par les roys et princes, font les maisons de plaisance à coulonnes de marbre, représentations d’images et symulachres si bien faicts, qu’il semble à les veoir qu’on les ayt dérobés à nature. Le dedans est tout d’or et azur, les jardins semblent villes, tant sont les galeries bien couvertes, et pour la multitude de tonnelles et cabinets, tout pleins delascivie et volupté, que mieulx semblent habitations de gens venerées (débauchées) que marciaulx, et de gens lascivieulx, que de gens de vertu. »

On voit par ces observations, faites pendant les premières années du règne de François I, que le luxe dans les palais et dans les jardins, dont on attribue généralement l’introduction en France à Catherine de Médicis, jremonte plus haut, et qu’il faut, comme nous l’avons dit dans le tableau du règne de Charles VIII, en marquer l’époque au moment où ce jeune prince, de retour d’Italie, voulut imiter les édifices élégans et majestueux qui avoient fait l’objet de son admiration dans cette belle contrée.

Nous avons cité les traits les plus frappans de la partie allégorique des Mémoires de La Trémouille. En la retranchant de la partie historique, la seule qui puisse intéresser nos lecteurs, nous espérons que cette dernière acquerra plus de liaison, plus de suite et plus d’ensemble.

La seule édition complète des mémoires de La Trémouille est celle de 1527, caractères gothiques, donnée à Poitiers par Jacques Bouchet, parent de l’auteur. Elle est devenue rare et ne se trouve que dans les bibliothèques publiques. C’est sur cette édition que nous avons fait notre travail. En 1684, Godefroy donna de cet ouvragé un extrait