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sont conduites à bonne fin ; tandis que de l’autre côté, dans un pays aussi riche, sinon plus riche, chez un peuple intelligent et libre, et avec des occasions aussi bonnes, le commerce languisse, les grandes cités soient encore de petites villes ou des hameaux assoupis… On dirait vraiment que nos ancêtres qui édifièrent la Nouvelle-France sur les rives américaines ont établi pour nous un précédent malheureux. Ils transportèrent les traditions de leurs pères sur un sol nouveau et s’efforcèrent d’y établir les conditions de l’ancien monde. »

De cette citation d’un auteur sérieux et modéré, l’on peut tirer ces propositions : 1o Les peuples d’origine française exercent une influence très considérable sur les destinées du Canada. 2o Le Canada est en arrière du progrès et ce sont les peuples d’origine française qui en sont cause. Accusation bien grave que les Canadiens-français doivent se hâter de réfuter par les faits.

S’il est vrai, en effet, que l’influence des peuples d’origine française soit aussi considérable, il s’en suit qu’il est du devoir de ces peuples d’indiquer aux autres peuples la route à suivre et de conduire le pays dans la voie du progrès. Comme nous l’avons vu, c’est là précisément ce que les Canadiens-français ont fait dans le passé, et en n’en tenant pas compte, M. Brown leur fait injustice. Mais si dans les temps modernes, ils manquent à ce devoir, s’ils faillissent à leur mission, s’ils se laissent distancer par les autres peuples, ils en seront punis comme tous les peuples qui ont ainsi failli. Et cette punition sera peut-être la décadence qui ne tarde pas à atteindre les peuples endormis.