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ROBERT LOZÉ

dicte mon devoir. Je l’accomplis. Celui qui préparait le café tombe sous ma première balle, la face dans le feu. Son compagnon, prompt comme la pensée, ajuste la fumée de mon coup. Une balle siffle à mon oreille. Mais au même instant et avant qu’il puisse se dérober sous bois, le second bandit râle à côté du premier. Je me précipite, je le relève. Il me repousse et meurt en blasphémant

Seul en présence de ces deux cadavres, je tremble comme un meurtrier. Aussi je me hâte de rassembler les chevaux et je les pousse vers le camp. Ce n’est qu’à la vue de la joie rayonnant sur la figure de mes excellents compagnons que je retrouve ma tranquillité habituelle.

Nous couchâmes les corps des deux bandits dans une même fosse, avec leurs armes et leur argent. Nous reprîmes que leurs papiers, que nous remîmes au commandant du poste, à notre retour.

— Et quelle réception vous fit-on ?

— On nous félicita d’avoir purgé la région de deux fléaux dont on soupçonnait depuis longtemps les crimes sans pouvoir les prouver.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Il était déjà tard. Le feu n’était plus qu’un monceau ardent. La lune avait disparu.

— Avez-vous idée de l’heure, mesdames ? demanda Jean, montre en main.

— Je sais qu’il passe minuit, fit Dampierre en examinant le firmament, qui offrait un coup d’œil éblouissant. Parmi les constellations qui se détachaient nettes sur le ciel noir, on voyait distinctement tracé l’arc gracieux de la couronne du nord scintillant entre Véga au zénith et Arcturus au midi.

— Voilà Bérénice aux longs cheveux, dit Irène. Elle semble attendre, au septentrion, pour qu’on pose cette couronne sur sa tête poudrée d’étoiles.