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Page:Bouchette - Robert Lozé, 1903.djvu/160

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Robert Lozé

trop souvent à autrui leurs pénibles sueurs mais des maîtres venant implanter la civilisation du Canada français, et la richesse que répand autour de lui un peuple fort et éclairé.

« Telle, mes frères, est notre mission sur cette terre qui nous est échue en partage. Pouvons-nous en douter quand nous réfléchissons à notre survivance providentielle au milieu de tant d’orages ? Dieu a fait de nous des soldats, il nous a suscité, non pas des défenseurs, mais des éducateurs et des guides qui nous ont appris à nous défendre nous-mêmes.

« Sous leur conduite, nous avons fait la conquête pacifique de notre liberté religieuse et civile. Est-ce à dire que l’œuvre est terminée et que nous devons suspendre nos efforts ?

« Non. Cette œuvre n’est que commencée. Dans cette tâche de longueur et de patience, à chaque génération une part est assignée.

« Et l’estimable fondateur de cet établissement nous indique celle qui appartient à la nôtre. C’est d’exploiter notre domaine, c’est de procurer à nos enfants la prospérité matérielle, c’est de récolter ce qu’ont semé nos devanciers, tout en préparant à notre tour l’avenir de nos enfants. Et nous ne faiblirons pas dans cette tâche, car la richesse ainsi acquise ne sera pas entre nos mains un bienfait purement matériel. Nous en ferons un levier, une puissance d’expansion énorme qui nous permettra de porter au loin sur ce continent l’éblouissant flambeau de la vérité, de la civilisation et du progrès. Cette pensée sublime fut celle de nos premiers pionniers et missionnaires, dont l’ardeur ne comptait pas les difficultés. Elle doit être aussi la nôtre. Elle contient toute notre espérance, elle est notre clarté, notre colonne de feu. Pour la réaliser, comme je l’ai dit, à chaque génération sa tâche. C’est en accomplissant fidèlement celle