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CHAPITRE VI

Le peintre.


L’enquête faite sur le compte de Louise et de Bertrand fut tout à leur honneur. Madame de Tilly en fut bien aise et s’occupa de hâter le dénouement de leur petit roman. Elle croyait avec raison qu’il ne serait pas très difficile de procurer de l’emploi permanent pour cet excellent ouvrier. Cet incident, du reste, eut des conséquences plus étendues pour les personnages de cette histoire.

Robert Lozé, élevé à la campagne, où le vrai dénuement est extrêmement rare, se trouva, par suite de cette enquête, pour la première fois, en présence de grandes misères humaines. Il en fut d’autant plus frappé qu’il en avait jusque là à peine soupçonné l’existence et que les malheureux n’avaient été pour lui que des victimes plus ou moins exploitables. Plusieurs cas de détresse qu’il signala à madame de Tilly inspirèrent à celle-ci le désir de les soulager. Elle finit par étendre le cercle de ses charités qui jusqu’alors s’étaient bornées à des souscriptions, qui ne sont pas la vraie charité, la vraie charité qui console en même temps qu’elle soulage. S’apercevant que, grâce à la satisfaction intime que donnent les bonnes œuvres, sa vie ne serait plus vide et sans but, elle en fut reconnaissante à Lozé et elle prenait plaisir à l’associer à son travail charitable, puisque c’était à lui qu’elle en devait en partie l’idée.

Souvent ils partaient ensemble à la découverte et leurs courses ne se bornaient pas toujours à la ville. Vers l’automne, lorsque la campagne canadienne revêt la riche parure