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Page:Bouchette - Robert Lozé, 1903.djvu/48

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CHAPITRE IX

L’usine.


La frontière sud de la province de Québec est l’œuvre de lord Ashburton. Voilà un nom qui vivra dans la mémoire des Canadiens plus longtemps peut-être que celui du géographe Bouchette, qui protesta si haut et si vainement contre l’acte dont il prévoyait tous les effets. La limite du 45ième parallèle prive le Canada du lac Champlain et d’une frontière naturelle. À partir de la rivière Connecticut, la ligne remontant vers le nord, fait pénétrer le Maine comme un coin jusqu’à quelques milles du Saint-Laurent et nous sépare effectivement des provinces maritimes. Celles-ci pendent et languissant comme une branche qui ne tient plus au tronc que par un lambeau d’écorce. D’autre part, le trop plein de la population de la rive méridionale, qui tend à se porter au sud, ne pouvant se répandre dans la région fermée qui l’avoisine, se concentre par groupes isolés, et détachés du sol dans les villes de la Nouvelle-Angleterre. Cette manière de préparer l’avenir d’un peuple est nouvelle et digne d’attention. Ceux qui s’intéressent à la question pourront, du reste, l’étudier à loisir, car les conséquences de ce chef-d’œuvre diplomatique ne font que commencer à se manifester ; elles iront s’accentuant d’année en année, pour la plus grande gloire des diplomates et des guerriers de l’avenir… À moins que quelque force morale plus grande que les combinaisons politiques ne vienne refaire par l’imprévu ce qu’on a si soigneusement défait.