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Page:Bouchette - Robert Lozé, 1903.djvu/51

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Robert Lozé

Lozé. La perspective d’une vie laborieuse et régulière dont ils jouiraient ensemble leur plaisait, et ils passaient leur lune de miel à surveiller la place en attendant qu’elle fut régulièrement occupée par sa nombreuse garnison.

— Allons, mon jeune ami, dit Bertrand, s’adressant à l’ourson, viens faire la connaissance de ta nouvelle maîtresse. Et traînant d’une main la dépouille de l’ourse qu’ils avaient abattue, et tirant de l’autre l’orphelin effrayé, il se dirigea vers la maison.

Louise était accourue au devant de son mari. Grande fût sa surprise et sa pitié à la vue de ce nouveau commensal.

— Comment as-tu eu le cœur de l’enlever à sa mère ? s’écria-t-elle. Et ne sais-tu pas qu’elle aurait pu te dévorer ?

— C’est le contraire qui est arrivé. Tu trouveras quelques tranches de viande d’ourse dans ma gibecière. Nous l’avons rencontrée dans un sentier ; elle nous barrait la route. Nous avons alors fait feu chacun de notre côté, monsieur Lozé et moi ; nous l’avons tuée avant qu’elle sût que nous étions là.

On installa l’ourson sous un hangar, et quelques instants après les chasseurs, ou plutôt les explorateurs, car leur chasse n’avait été qu’un incident dans des travaux plus sérieux, faisaient honneur à un excellent repas.

Puis tandis que Louise et Bertrand dans la cuisine, s’amusaient à apprivoiser l’ourson qu’ils y avaient amené, l’industriel installé devant un bureau, près du feu qui flambait dans la chemisée, — car à cette saison, les nuits sont encore froides, — se mit à écrire et à travailler.

Quelques lettres d’affaires furent expédiées rapidement, une lettre à sa mère, une autre à sa fiancée demandèrent un peu plus de temps. Cela fait, il déploya ses cartes, ces belles cartes géologiques du Canada que si peu de monde sait apprécier, tira de son sac des échantillons de minerai