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Page:Bouchette - Robert Lozé, 1903.djvu/93

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Robert Lozé

jugé à propos de l’en instruire, et qui s’attendait de sa part à des reproches mérités, fut surpris de sa grande modération. Il lui rendit compte des sommes de toute provenance qu’il avait retirées, mais il déclara ne pouvoir verser la part qui revenait à l’avocat immédiatement.

— Versez alors ce que vous pourrez contre ma quittance finale que voici, car il me faut à tout prix en finir maintenant.

Robert obtint ainsi une centaine de dollars, représentant beaucoup moins que ce qu’il pouvait légalement exiger ; mais il était loin de songer à s’en plaindre. Il voulait toucher le moins possible de cet argent-là. Il déposa le montant à la banque.

Rencontrant un jeune confrère nouvellement admis aux examens de juillet, il lui proposa de lui sous-louer une des pièces de son bureau, ce qui fut accepté. Il lui restait deux pièces. De l’une il fit sa chambre à coucher, de l’autre, son étude ; cet arrangement devait réduire considérablement sa dépense. Le jour même, il installa son jeune confrère et il s’installa lui-même. Ouvrant ensuite ses livres de compte, il ferma méthodiquement tous ceux qui tenaient à son ancien métier, copia sur des feuilles séparées ceux qui lui semblaient légitimes et qui lui étaient dus pour la plupart de clients qu’il avait rencontrés dans le cercle de madame de Tilly. Il avait évité jusqu’ici d’en réclamer le paiement, dans l’espoir de conserver cette clientèle. Presque tous ces montants seraient payés promptement et augmenteraient d’autant son petit dépôt à la banque.

Robert était arrivé à Montréal à huit heures du matin. Il était maintenant huit heures du soir. En douze heures, il s’était procuré des ressources pour ses besoins immédiats, s’était installé et était prêt à commencer sa nouvelle vie. Et maintenant il était seul dans ses chambres silencieuses, dans un entourage familier et qui pourtant lui paraissait