Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/33

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commis l’inqualifiable ânerie (je prends ce mot dans le sens, généralement usité, de grossière sottise, mais j’en demande bien pardon à l’humble et douce bête qui fut, au jour des Rameaux, la monture de Notre-Seigneur), cet homme, dis-je, a commis l’ânerie monstrueuse de déclarer que ces concertos n’étaient point dans le grand style de l’orgue. La vérité est qu’ils renferment des allegros, gavottes et bourrées qui sont d’une joie titanique ; et les cuistres tels que Fétis ne comprennent guère que l’on puisse être grand si l’on n’est pas funèbrement grave. C’est le contraire qui serait plutôt vrai. Hændel, parce qu’il était robuste et grand, avait en lui une profonde source de joie. Il a des inventions ineffablement comiques ; mais ce comique-là dériderait le Jérémie de la Chapelle Sixtine. Même, au rythme de ses gigantesques bourrées, on verrait tourner et bondir ensemble tous les prophètes et toutes les sibylles. Vous me comprendrez, Baille, vous qui écrasez les claviers de l’orgue avec tant de joie, et que les rabelaisiennes gaietés de Bach et de Hændel font rire jusqu’aux oreilles, ô vieux satyre de Michel-Ange !

Du reste, le largo qu’on nous exécuta était