Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

« Ils frémirent de boire au fleuve : Dieu changea les eaux en sang. » Le thème fugué qui traduit ce verset est significatif, par l’inattendu des intervalles, par la violence du rythme, par une courte descente chromatique, de l’horreur qu’inspire à l’Égypte son fleuve puant, rouge, où les poissons flottent putréfiés. On devine l’immense nausée de tout le peuple qui se voit inondé de sang : il y en a plein les cuves et plein les auges. Le chœur se développe à quatre voix seulement, compact, sans alternances ; à peine les basses s’interrompent-elles un moment pour reprendre avec plus de force et de poids. Quelle clameur ! Elle semble dire : « Bois si tu peux, Pharaon ; si tu n’es pas trop dégoûtée, bois, terre d’Égypte. »

Puis c’est le tour des grenouilles. Peut-être Hændel a-t-il consacré un solo à cette plaie parce que, dans le vaste tumulte d’un chœur, les bonds des grenouilles eussent pu donner lieu à des incidents burlesques. Il ne risquait rien de pareil en confiant à une voix sévère cette partie du récit.

Après viennent d’innombrables insectes. « Il dit une parole » crient toutes les voix viriles ;